Jacques Weber est économiste et anthropologue, directeur de recherche du Cirad (centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), Vice Président de l'Association Française des Petits Débrouillards mais aussi membre du Comité de veille écologique de la Fondation Hulot (FNH), enseignant à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), membre du Conseil Économique du Développement Durable (CEDD) et enfin membre du Conseil Scientifique du Patrimoine Naturel et de la Biodiversité (CSPNB).
"Mes recherches ont porté sur deux types de préoccupations. La première est relative à la gestion des ressources renouvelables (forêts naturelles, faune, flore, pêcheries…). La seconde préoccupation porte sur la façon dont des sociétés différentes confèrent à des biens donnés un statut de « richesse », puis les font circuler."
Jacques Weber
Jacques Weber a donc exposé sa vision sur un sujet qu'il affectionne : quel lien entre biodiversité et économie ? Quel est-il maintenant et que pourrait-il être ?
"Dans le monde d’avant la crise, le développement reposait sur la dégradation des écosystèmes, sur l’érosion de la biodiversité. Ce développement qui coupe la branche sur laquelle il est assis, n’a rien de durable. Peut-on dessiner les contours d’un monde d’après la crise dans lequel, à l’inverse du premier, le développement reposerait sur la maintenance ou l’amélioration du potentiel naturel ? Cette économie qui dans un contexte donné est contraire à l’environnement comme à l’emploi, pourrait-elle, dans un autre contexte, favoriser l’un et l’autre ?"
Mais tout d'abord, qu'est-ce que la biodiversité exactement ? La biodiversité est la dynamique des interactions entre les multiples organismes issus de la dynamique des milieux. La biodiversité c'est donc avant tout une question de lien.
Le système actuel, c'est à dire le système économique mondial, ne prend pas en compte l'altération ou l'amélioration de la biodiversité dans l'élaboration du prix des choses. Le coût de la main d'oeuvre, de la technologie mis en oeuvre, le transport et bien sûr le profit dégagé entrent compte mais pas le fait, par exemple, de pomper en une année une grande quantité de pétrole qui a mis des milliers d'années à être constitué par la nature. Quelquechose de gratuit est forcément surexploité dans notre sytème, on arrive donc vite à la conclusion que créer beaucoup de richesses se fait toujours au détriment de la biodiversité....
La biodiversité n'est protégée à aucun moment dans le sytème économique. Pour preuve, Mach-Bio discute ici de la relation entre PIB et biodiversité...
Jacques Weber pose la question : est-ce qu'on peut protéger la biodiversité ? et comment ?
Pour lui, il faut repenser la fiscalité. Jusqu'à présent, le développement reposait, d'un point de vue fiscal , sur un prélevement ou taxe sur le travail et/ou sur le profit.
Il faudrait que le développement repose sur la maintenance et l'amélioration du potentiel naturel et mettre en place un système qui favorise l'emploi.
L'industrie depend en moyenne à 30% des flux de matière issues de la richesse de la biodiversité. Actuellement, en France, les charges qui pèsent sur l'emploi equivalent à 50% des salaires. Ce qui paraissait normal dans les années 60, époque du plein emploi, parait un peu absurde de nos jours. On pourrait financer la sécurité sociale avec une taxe sur dégradation de la biodiversité. Pourquoi pas ?...
En Suède, la taxe Carbone a été mise en place et équivaut à 100 Euros/tCO2e. Mais cette taxe a remplacé d'anciennes taxes, qui ont elles été supprimées...
Jacques Weber propose donc une une renégociation complète de la fiscalité pour protéger la biodiversité, en quelque sorte combattre les dégats occasionnés par le système par les armes du sytème...
Pour apporter plus de précisions sur ce sujet, Mach-Bio diffuse ici, malgré une qualité sonore moyenne, les questions-réponses qui ont fait suite à la conférence de Jacques Weber :
1ère partie:
2ème partie:
3ème partie:
à consulter :
Propos de Jacques Weber sur le site du CIRAD
Propos de Jacques Weber sur le site du CIRAD
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