Pages

mercredi 26 mai 2010

le "low cost" passé au peigne fin

Aujourd'hui, Mach-Bio reçoit, par téléphone, Bruno Fay, journaliste indépendant et scénariste à propos de son dernier ouvrage, No Low Cost, coécrit avec Stéphane Reynaud, lui-même journaliste, publié aux éditions du Moment.

Leur enquête s'emploit à passer le phénomène low cost au peigne fin et à comprendre ce qui se trouve réellement derrière ces mots.

"Synomyme d'achat malin, le low cost serait la pierre philosophale de l'économie moderne. Une formule magique capable de concevoir la même voiture, la même robe, le même billet d'avion, la boîte de céréales ou la même opération chirurgicale pour deux, trois fois, voire dix fois moins cher. Les consommateurs suivent, les industriels jubilent. En réalité, le low cost se traduit le plus souvent par une logique folle de réduction des coûts au détriments de la qualité des produits, des conditions de travails des salariés, des emplois, de la santé et de la sécurité des consommateurs."

Pour Bruno Fay, il y a le bon et le mauvais low cost. Le bon low cost reduit le prix de son produit grâce à une innovation et non grâce à une baisse de qualité du produit ou à une dégradation des conditions de travail des salariés. Toutes les entreprises cherchent à réduire les coûts mais une bonne entreprise low cost va théoriser la réduction des coûts de production. Bruno Fay nous explique pourquoi, selon ses critères, Ikea ou Free, sont des entreprises low cost, pourtant elles ne le revendiquent pas...


Qui se revendique low cost ? 90% des entreprises qui se revendiquent low cost bradent le prix en réduisant la qualité, en important, en exploitant leurs employés. C'est une vision à court terme, on trompe le consommateur en lui disant que c'est le même produit moins cher, mais ce n'est pas du tout le même produit en réalité...On rentre dans la spirale négative de la délocalisation anti-productive et de la dégradation de l'environnement...
Pour illustrer son propos, Bruno Fay nous parle du cas des compagnies aériennes Ryan Air et Easy Jet, qui exploitent leurs personnels et gagne du temps sur les procédures de sécurité...




Bruno Fay nous explique comment les compagnies aériennes comme Ryan Air et Easy jet s'y prennent pour avoir des billets si peu cher: ce sont les collectivités qui complètent ! Ainsi tous les contribuables financent ces compagnies....

" La plus grande victoire des low cost a été de faire passer le consommateur pour un malin "

On passe maintenant au secteur des produits alimentaires et des chaines comme Lidl ou Leader Price. Pas de subvention dans le hard discount mais des économies sur le dos des employés et sur la qualité des produits. Plus d'eau dans les boîtes de conserves, de l'huile de palme à la place d'huile d'olive...etc... et inclu dans les coûts de production, un budget consacré aux procès perdus aux Prud'hommes.....




Valoriser le client plutôt que le produit

Bruno fay revient sur la stratégie de communication des entreprises low cost: transformer l'achat du pauvre en achat malin. Plutôt une façon de déculpabiliser le consommateur pauvre qui n'a, de toutes façons, pas le choix. Et, les élus soutiennent les low cost. Une façon de renvoyer la balle du pouvoir d'achat aux industriels sans s'attaquer à la question des revenus, un peu plus délicate...


Et l'environnement ?

Il va sans dire qu'en réduisant la qualité des produits et en délocalisant, on agit pas en faveur de l'environnement. Bruno Fay cite le cas du Maroc qui exporte des fruits et légumes, de plus en plus vite, de moins en moins cher, et surexploite ses ressources en eaux...
Acheter low cost, c'est aussi promouvoir l'exploitation de personnes en France ou à l'autre bout du monde...

Que faire ?


L'état pourrait réglementer, il pourrait y avoir un système d'étiquetage et le consommateur pourrait devenir vraiment malin...Pour Bruno Fay, le vrai problème est que l'on ne connait plus la vraie valeur d'un produit ou le réel prix d'un billet d'avion...

Enfin, Bruno Fay aborde le problème de la délocalisation des soins médicaux, qui sont réellement dangereux pour la santé...


Si vous désirez plus de renseignements sur ce sujet, vous pouvez consulter le blog de No Low Cost: http://nolowcost.over-blog.com/

mercredi 19 mai 2010

Le Grenelle 2

Mach-Bio se penche aujourd'hui sur le berceau du tout jeune Grenelle 2 . Le Grenelle 1 proposait un état des lieux des mesures environnementales en France, faisait aussi quelques promesses quant aux actions à mener dans le futur. Aujourd'hui le Grenelle 2 propose un panel d'actions pour faire évoluer les choses dans le sens de la préservation de l'environnement et de l'énergie. Le Grenelle 2 touche les domaines de l'urbanisme, de l'énergie, du batiment, de l'agriculture, du transport, de la biodiversité, des déchets, de la santé et propose aussi des mesures à prendre sur la consommation et pour les entreprises. L'UMP et le centre ont voté pour, PS-PC contre, et les verts se sont abstenus...

Que peut-on dire du Grenelle 2 ? Avancées ? Reculs ?... Mach-Bio propose de faire un rapide état des lieux.

Tout d'abord et pour commencer par les bonnes nouvelles, le Grenelle 2 contient de réelles avancées dans le domaine du bâtiment et de la conservation de l'énergie....





Passons aux mauvaises nouvelles : l'article 36bis a décrit les mesures proposées par les lobbies de la chimie. Une évaluation socio-économique sera maintenant nécessaires pour arrêter l'utilisation d'un produit pesticide...





Même si les phénomênes environnementaux dépassent les frontières, ce n'est pas une raison pour ne pas prendre des mesures courageuses au niveau d'un pays. Mach-Bio discute ici de la globalisation et des revendications et avancées des pays émergents...

Ce qui est sûr, c'est que tant que les lobbies seront maîtres de nos destinées, l'avenir ne sera certainement pas vert...





A consulter sur le Grenelle 2:



mercredi 5 mai 2010

Economie et biodiversité font-elles bon ménage ?

Mach-Bio a assisté à la conférence de lancement du festival des explorateurs organisé par Les Petits Débrouillards au museum d'histoire naturelle de Toulouse. Pour cette conférence, l'association avait convié son président, Jacques Weber.

Jacques Weber est économiste et anthropologue, directeur de recherche du Cirad (centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), Vice Président de l'Association Française des Petits Débrouillards mais aussi membre du Comité de veille écologique de la Fondation Hulot (FNH), enseignant à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), membre du Conseil Économique du Développement Durable (CEDD) et enfin membre du Conseil Scientifique du Patrimoine Naturel et de la Biodiversité (CSPNB).


"Mes recherches ont porté sur deux types de préoccupations. La première est relative à la gestion des ressources renouvelables (forêts naturelles, faune, flore, pêcheries…). La seconde préoccupation porte sur la façon dont des sociétés différentes confèrent à des biens donnés un statut de « richesse », puis les font circuler."



Jacques Weber

Jacques Weber a donc exposé sa vision sur un sujet qu'il affectionne : quel lien entre biodiversité et économie ? Quel est-il maintenant et que pourrait-il être ?
"Dans le monde d’avant la crise, le développement reposait sur la dégradation des écosystèmes, sur l’érosion de la biodiversité. Ce développement qui coupe la branche sur laquelle il est assis, n’a rien de durable. Peut-on dessiner les contours d’un monde d’après la crise dans lequel, à l’inverse du premier, le développement reposerait sur la maintenance ou l’amélioration du potentiel naturel ? Cette économie qui dans un contexte donné est contraire à l’environnement comme à l’emploi, pourrait-elle, dans un autre contexte, favoriser l’un et l’autre ?"

Mais tout d'abord, qu'est-ce que la biodiversité exactement ? La biodiversité est la dynamique des interactions entre les multiples organismes issus de la dynamique des milieux. La biodiversité c'est donc avant tout une question de lien.
Le système actuel, c'est à dire le système économique mondial, ne prend pas en compte l'altération ou l'amélioration de la biodiversité dans l'élaboration du prix des choses. Le coût de la main d'oeuvre, de la technologie mis en oeuvre, le transport et bien sûr le profit dégagé entrent compte mais pas le fait, par exemple, de pomper en une année une grande quantité de pétrole qui a mis des milliers d'années à être constitué par la nature. Quelquechose de gratuit est forcément surexploité dans notre sytème, on arrive donc vite à la conclusion que créer beaucoup de richesses se fait toujours au détriment de la biodiversité....






La biodiversité n'est protégée à aucun moment dans le sytème économique. Pour preuve, Mach-Bio discute ici de la relation entre PIB et biodiversité...

Jacques Weber pose la question : est-ce qu'on peut protéger la biodiversité ? et comment ?
Pour lui, il faut repenser la fiscalité. Jusqu'à présent, le développement reposait, d'un point de vue fiscal , sur un prélevement ou taxe sur le travail et/ou sur le profit.

Il faudrait que le développement repose sur la maintenance et l'amélioration du potentiel naturel et mettre en place un système qui favorise l'emploi.

L'industrie depend en moyenne à 30% des flux de matière issues de la richesse de la biodiversité. Actuellement, en France, les charges qui pèsent sur l'emploi equivalent à 50% des salaires. Ce qui paraissait normal dans les années 60, époque du plein emploi, parait un peu absurde de nos jours. On pourrait financer la sécurité sociale avec une taxe sur dégradation de la biodiversité. Pourquoi pas ?...

En Suède, la taxe Carbone a été mise en place et équivaut à 100 Euros/tCO2e. Mais cette taxe a remplacé d'anciennes taxes, qui ont elles été supprimées...






Jacques Weber propose donc une une renégociation complète de la fiscalité pour protéger la biodiversité, en quelque sorte combattre les dégats occasionnés par le système par les armes du sytème...




Pour apporter plus de précisions sur ce sujet, Mach-Bio diffuse ici, malgré une qualité sonore moyenne, les questions-réponses qui ont fait suite à la conférence de Jacques Weber :

1ère partie:



2ème partie:



3ème partie: